Entretien avec Hélène Mouchard-Zay

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Hélène Mouchard-Zay est la fille de Jean Zay, grand homme politique français et résistant de la première heure, assassiné en prison par les milices de Vichy au terme d’une détention de 4 ans, où il écrivit « Souvenirs et solitude », récit bouleversant de son parcours politique en tant que ministre des Beaux-arts ( équivaut aujourd’hui à la culture) et de son regard sur la folie des hommes, ici matérialisée par le nazisme. A l’occasion d’une journée à sa mémoire à Pau, Hélène Mouchard- Zay nous fit l’honneur de répondre à quelques questions au Laü. C’est Nicolas Gallais, membre de l’association « Les amis de Jean Zay » qui mène ici cette passionnante interview, où l’Histoire ne cesse de résonner avec notre présent.

Quels sont les souvenirs de la période où votre père est en prison ? C’est la question ici posée à Hélène Mouchard-Zay qui relate alors le combat de sa mère, à qui l’on cacha le meurtre de son mari pendant 4 ans, pour connaître la vérité d’abord et obtenir justice ensuite. Une période des plus difficiles, où courage et ignominie s’affrontent.

Dans ce deuxième extrait, Hélène Mouchard-Zay relate sa découverte, alors qu’elle n’était qu’enfant puis une adolescente, de l’histoire et l’œuvre de son père, non pas par sa mère pour qui ces réminiscences demeuraient bien trop douloureuses mais par des livres dont celui de son père « Souvenirs et solitude ». Une découverte qui lui transmit le goût de l’Histoire et le besoin de comprendre le contexte qui put amener la barbarie au pouvoir.

Hélène Mouchard-Zay relate ici l’arrestation de son père par le gouvernement de Pétain ainsi que la longue histoire du combat pour la reconnaissance de cette responsabilité. La France mit longtemps avant de reconnaître les exactions commises par Vichy, mais c’est bien le souvenir de cette Histoire qui peut prévenir aujourd’hui de voir ces sinistres moments se répéter. Il faudra attendre 1995 avant qu’un président reconnaisse officiellement le rôle de vichy dans l’assassinat de Jean Zay et 2015 pour que la dépouille de ce dernier soit transférée au Panthéon.

Hélène Mouchard Zay se confie ici sur son parcours professionnel et associatif (elle fut professeur), un moyen détourné de se battre pour la mémoire de son père et de toutes les victimes de Vichy et du nazisme, notamment ces enfants juifs que la police française parqua au « Vel d’Hiv » sous les ordres de son gouvernement. Une mémoire qui, même si elle est douloureuse se doit d’être transmise, notamment aux plus jeunes, porteurs de l’avenir.

Jean Zay, l’homme politique. C’est dans son œuvre littéraire, « Souvenirs et solitude » que l’on apprend beaucoup sur les actions de Jean Zay en tant que ministre de la culture et de toutes ses réformes, fort impopulaire alors qui iraient pourtant de soi aujourd’hui, à l’image du sport à l’école, des loisirs dirigés ou encore de l’accès de tous à la culture ou aux plus hautes fonctions de l’Etat. Beaucoup d’éléments historique méconnus de grand public qui force pourtant l’admiration lorsqu’on sait que Jean Zay n’avait alors même pas 40 ans.